Les ports à fumier étaient autrefois utilisés pour l'acheminement du fumier de corps de meule vers les parcelles des hortillons.
Très tôt, les hortillons, comme tous les agriculteurs, ont compris l'intérêt de compléter leur terre en y incorporant des substances de nature à en modifier physiquement la composition, et la rendre ainsi plus agréable à travailler et plus fertile.
C'est ainsi que le fumier de cheval des écuries d'Amiens fut employé pour les cultures amiénoises. Le fumier de cheval étant plutôt utile comme fertilisant que comme un amendement, les paysans se tournèrent vers un autre type de fumier, substrat provenant des cultures de champignons en carrière et plus particulièrement des restes sorties des carrières : le fumier de corps de meule.
Les champignonnières de l'Oise fournissaient alors les hortillons en fumier (« euch fien », comme on l'appelle en picard), par chemin de fer. Le fumier arrivait alors en gare d'Amiens, d'où des camions partaient pour ravitailler les hortillons.
Ils déposaient la précieuse et odorante matière dans les deux ports à fumier des hortillonnages : le port à fumier de l'Enfer et le port à fumier de la Planquette.
Le fumier arrivé sur le port à fumier, chaque hortillon venait avec sa barque y récupérer sa portion pour l'acheminer vers ses aires. Il l'épandait, et le cycle de culture recommençait…
Aujourd'hui, cette pratique n'est plus de rigueur dans les hortillonnages. Il vous est tout de même possible de partir à la découvert des anciens ports à fumier !